[Dossier] Récits en mouvement et journalisme numérique
Posté le : 3 avril 2020Dossier : Récits en mouvement et journalisme numérique
Présentation :
« Ce dossier a pour objet principal l’étude de la production, de la scénarisation et de la mise en circulation de l’information d’actualité produite par et sur les mouvements sociaux, entendus comme
un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert… », qui « se développe dans une logique de revendication, de défense d’un intérêt matériel ou d’une cause »
(Neveu, 1996, 11). Résolument inscrit dans le champ de la communication internationale, il s’appuie sur de nombreux travaux empiriques. Il répond de surcroît à une double exigence de cohérence et de diversité. En effet, différents auteurs abordent un même objet, tel que les « Gilets Jaunes », tout en privilégiant la diversité des terrains d’observation.Finalement, ces échanges croisés révèlent les caractéristiques propres aux sociétés traitées, ainsi que leurs points de convergence. Si les médias numériques ont, par définition, une envergure internationale, leurs initiateurs et les causes qu’ils défendent sont le plus souvent ancrés dans des espaces nationaux. Ainsi, ce sont des pays aussi variés que la France, la Pologne, le Brésil, la Tunisie, la République Démocratique du Congo, l’Égypte et la Roumanie qui sont abordés dans les neuf contributions qui suivent.
Partout sur la planète, et surtout dans la dernière décennie, on constate une multiplication et à une visibilité publique sans précédent des mouvements sociaux. En plus des médias dits traditionnels, les plateformes numériques participatives (blogs et réseaux sociaux) jouent un rôle déterminant dans l’amplification de la résonance de ces mouvements, qu’il s’agisse des mobilisations citoyennes liées aux « Printemps arabes » ou des « Gilets jaunes » en France. L’information les concernant n’est pas simplement mise en circulation par des professionnels du journalisme et des leaders d’opinion identifiés par le plus grand nombre. Elle est aussi co-produite par le citoyen ordinaire, quel que soit son degré d’engagement et ses stratégies personnelles.
Parmi les phénomènes repérés par les chercheurs sur ces plateformes numériques : le rôle croissant des diasporas transfrontières, la perte d’influence des corps intermédiaires tels que les journalistes (qui ne sont plus une instance critique interprétative incontournable et qui délèguent souvent leur parole aux foules anonymes), la mise en place de nouvelles formes de solidarités à distance et de réflexivité collective, la délégitimation quasi-systématique des institutions en place et la transformation des réseaux sociaux en arènes de conflits. »